Lyon, berceau du cinéma, doit en rester la capitale

Retrouvez le dernier billet d’humeur de Loic Terrenes, à l’occasion de la 16ème édition du Festival Lumière à Lyon.
 

Lyon, cette ville aux mille visages et aux mille histoires, est un lieu qui respire l’histoire du cinéma. C’est ici, dans la capitale des Gaules, que les frères Lumière ont inventé le cinéma moderne à la fin du XIXe siècle. C’est ici également que, chaque année, le Festival Lumière fait revivre cet héritage tout en célébrant l’avenir du cinéma. Mais, au-delà de l’aspect historique, Lyon porte également une responsabilité envers le 7e art. Elle doit nourrir et soutenir une ambition particulière pour le cinéma, surtout en ces temps où le secteur se réinvente après avoir été frappé de plein fouet par la crise du Covid-19.

Une industrie en pleine mutation

Le secteur du cinéma a été profondément perturbé par la pandémie mondiale. Les cinémas ont dû fermer, les festivals ont été annulés ou reportés, et de nombreux projets ont été mis en pause. Pourtant, face à cette crise sans précédent, l’industrie cinématographique n’a pas baissé les bras. Elle s’est redynamisée en innovant, notamment en matière de programmation, de technologies et de stratégies tarifaires.

Des géants de la distribution aux structures indépendantes et associatives, chacun se démène, à la hauteur de ses moyens, pour faire vivre le cinéma à Lyon. Je pense notamment au petit cinéma Saint Denis à La Croix-Rousse, et à ses bénévoles qui l’animent, symbole à mes yeux de la richesse de notre offre culturelle.  

Cependant, il est impératif que ces initiatives soient accompagnées et soutenues davantage. La place du cinéma au cœur de notre quotidien est en jeu, et cela passe par une politique de soutien aux structures locales et associatives, souvent fragilisées.

Une offre cinématographique à repenser

À Lyon, le nombre de salles de cinéma est élevé, mais l’offre mériterait d’être diversifiée et mieux répartie sur tout le territoire métropolitain. De nombreux quartiers, notamment dans les zones périphériques ou rurales, ne bénéficient pas d’une offre cinématographique digne de ce nom. Si la métropole dispose de plusieurs salles de grande envergure, une meilleure distribution géographique de l’offre permettrait de favoriser l’accès à la culture pour tous, sans distinction de lieu de résidence.

De plus, la diversité des films proposés est essentielle pour toucher un large public. Alors que certains cinémas privilégient les blockbusters et les films grand public, d’autres, comme le Cinéma Saint Denis, misent sur des projections de films d’auteur, des classiques du cinéma, ou des œuvres moins visibles, mais tout aussi importantes. Cette diversité, à la fois en termes de genres cinématographiques et de publics, doit être encouragée et renforcée.

Le défi de l’ère numérique et de l’intelligence artificielle

À l’heure où les plateformes de streaming occupent une place prépondérante dans nos vies, où l’intelligence artificielle semble redéfinir les contours de l’industrie cinématographique, le 7e art se trouve à un tournant. La manière de consommer des films a profondément changé, et le cinéma en salle doit se réinventer pour continuer à séduire un public de plus en plus habitué à regarder des films depuis son canapé, sur sa tablette ou son smartphone.

L’arrivée de l’IA, par exemple, pose des questions sur la création et la diffusion des œuvres cinématographiques. Les progrès technologiques permettent de repousser les limites de la réalisation, avec des effets spéciaux toujours plus impressionnants, mais ils soulèvent également des interrogations sur la place de l’humain dans la création cinématographique. Ce sont ces questions qui façonnent l’avenir du cinéma, et il est primordial que les acteurs de la filière tout comme les responsables publics, à commencer par les collectivités locales, puissent en débattre et construire ce futur ensemble.

Lyon, un temple du cinéma à la hauteur de son histoire

Lyon, capitale historique du cinéma, possède un patrimoine cinématographique incomparable, incarné par l’Institut Lumière, véritable cœur battant de la mémoire du cinéma. Pourtant, un projet ambitieux, celui de créer un véritable temple du cinéma à la hauteur de cette richesse historique, reste encore à concrétiser.

Pourquoi Lyon ne pourrait-elle pas devenir, à l’instar de Rome avec ses studios Cinecittà et son musée du cinéma, un lieu phare où l’histoire du cinéma se mêle à la création contemporaine ? Ce « sanctuaire » du cinéma pourrait devenir un véritable lieu de rencontre pour les professionnels, les cinéphiles et le grand public. Il pourrait abriter un musée du cinéma à la fois ludique et pédagogique, des studios de production ouverts à la création, mais aussi des espaces de diffusion pour les œuvres contemporaines. Ce type de projet contribuerait à faire rayonner encore davantage la ville sur la scène cinématographique mondiale.

Pour une ambition lyonnaise

Il est primordial de continuer à défendre le cinéma en salle, de célébrer son histoire, mais aussi d’accompagner son avenir. Le cinéma, comme la culture en général, est un bien précieux, un bien commun à préserver, à développer et à partager. Ensemble, soutenons les acteurs du cinéma à Lyon, faisons grandir l’offre cinématographique locale, et n’oublions jamais que, tout comme les frères Lumière ont fait rêver le monde, Lyon a encore un rôle majeur à jouer pour l’avenir du 7e art.

Alors, laissons-nous emporter par la magie du grand écran, et rêvons ensemble à un futur où Lyon continuera de faire rayonner le cinéma, de l’ombre des premiers films à la lumière des innovations contemporaines.

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